POLITIQUE - "Ce soir nous avons réussi à obtenir une solution européenne et un travail en coopération", a salué dans la nuit Emmanuel Macron après avoir bouclé un accord européen ce vendredi 29 juin au petit matin sur les migrations
Le compromis, conclu aux alentours de 4h30 du matin après neuf heures de discussions, propose notamment une "nouvelle approche" avec la création de "plateformes de débarquements" de migrants en dehors de l'UE pour dissuader les traversées de la Méditerranée
Pour les migrants secourus dans les eaux européennes, des "centres contrôlés" sont proposés, que les Etats membres mettraient en place "sur une base volontaire"
"C'est la coopération européenne qui l'a emporté", s'est félicité le président français, alors que l'Italie avait brandi la menace d'un veto tant qu'elle n'obtenait pas gain de cause, laissant planer la menace d'un fiasco européen sur le sujet brûlant des migrations
Reste que l'optimisme du chef de l'Etat n'est pas partagé par tout le monde sur la scène politique hexagonale, où les oppositions de gauche comme de droite ont vivement critiqué cet accord, pour des raisons diamétralement opposées
La droite et le RN ne voient pas la fin de "la submersion migratoire" À en croire Les Républicains, premier parti d'opposition à l'Assemblée nationale et au Sénat, cet "accord de papier" ne "changera rien" aux problèmes que posent la gestion des flux migratoires en Europe
"Je crains que cet accord européen ne soit qu'un accord de façade, destiné à faire semblant qu'on est d'accord alors qu'en réalité, on ne s'est entendu sur rien", a déclaré Laurent Wauquiez à la presse lors d'une visite du poste de frontière de Menton (Alpes-Maritimes)
"C'est pas la coopération qui l'a emporté, c'est la communication qui l'a emporté", a tranché sur Sud Radio le secrétaire général LR Geoffroy Didier en jugeant que le compromis n'endiguerait pas l'arrivée des bateaux sur le territoire européen
"Est-ce que l'accord dit et acte le fait que plus aucun bateau ne sera accepté sur le sol européen ? Non
Est-ce qu'il refuse l'idée qu'il puisse y avoir des hot spots en Europe qui évidemment va faire que des clandestins vont continuer à arriver et qu'une fois qu'ils seront en Europe ils n'en partiront pas? Non plus", regrette-t-il
La porte-parole du parti, Lydia Guirous, a quant à elle épinglé un "fiasco péniblement masqué par la surcommunication" du président de la République
Du côté du Rassemblement national (ex-FN), Marine Le Pen s'est réjouie que ses alliés italiens aient obtenu gain de cause sur la répartition des demandeurs d'asile, qui s'effectuera sur la base du volontariat et non sur des quotas obligatoires
Pour autant, estime-t-elle, ce texte "ne règle pas du tout le problème de la submersion migratoire"
Et désormais, "les pays ayant maintenant le droit de dire non, Macron sera exclusivement responsable de l'immigration de masse en France", a-t-elle tweeté
Pour son ancien bras droit Florian Philippot, partisan d'une sortie de l'Europe, l'accord est une impasse puisqu'il consacre le principe d'une coopération européenne sur le dossier des migrations
"Il suffit de lire l'accord pour voir que tous les mécanismes européens sont préservés, voire renforcés, et qu'aucune demande de protection nationale n'a été admise
Le résultat sera encore plus d'immigration", a déploré le député européen. La gauche s'inquiète pour l'accueil des migrants À l'autre extrémité de l'échiquier politique, la gauche a au contraire déploré que l'accord européen se soit uniquement focalisé sur le rejet des demandeurs d'asile
"On aura beaucoup de mal à nous expliquer qu'avec cet accord, l'Europe est sauvée
Au contraire, elle se déshonore", a réagi Ian Brossat dans un tweet. "Nos dirigeants européens sont arrivés à la seule conclusion qu'il faut mieux protéger nos frontières
Autrement dit, dissuader les demandeurs d'asile de venir. Rien sur l'accueil digne
Pitoyable", s'est désolé le chef de file du PCF en vue des élections européennes
Selon lui, l'Union européenne a dépensé depuis 2000, "sans succès", "15 milliards d'euros pour des dispositifs visant à renforcer nos frontières"
Or avec cette somme, "5000 centres humanitaires d'accueil à l'image de celui" ouvert Porte de la Chapelle à Paris auraient pu être financés, a-t-il souligné
Les dirigeants européens "ont un papier signé cette nuit à 4 heures du matin, qui sauve la face pour l'instant d'Emmanuel Macron", a renchéri le député France insoumise Eric Coquerel
Mais celui-ci ne "ne règle pas la question qui nous est toujours posée: comment nous gérons la situation de personnes qui pour des raisons économiques, climatiques, de guerre, prennent le risque de mourir en Méditerranée pour rejoindre l'Europe"
"Sur tout ce qui est tentative de répartir les migrants, de gérer l'accueil, c'est que du volontariat, donc autant dire que ça ne se fera pas", prédit-il
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